BLASON DE LA VILLE
Historiquement, le blason est une « figure » de bouclier qui porte les armoiries du chevalier. Cela permettait de le reconnaître au combat et par extension identifiait tout ce qui lui appartenait
Un texte nous donne la trace d’un chevalier à Uxem en 1232 : Eustache, mais hélas son blason n’est pas parvenu jusqu’à nos jours (Le village voisin de Téteghem a gardé le blason de ses seigneurs : deux exemplaires de sceau sont conservés au archives départementales du Nord).
De l’an 1000 à la révolution française, les moines de St Winnoc ne cessèrent d’étendre leurs domaines au point de laisser penser qu’Uxem, son village et sa terre appartenaient à l’abbaye.
La révolution française supprima non seulement l’abbaye mais aussi toutes les traces de l’ancienne monarchie y compris les blasons. L’empire et la restauration remirent les blasons à la mode. Enfin à partir de la deuxième moitié du XIX ième siècle se créèrent de très importantes sociétés savantes qui étudieront l’histoire de notre région et dont les membres feront eux-mêmes des communications ou des livres. Ainsi quand LEURIDAN, publie en 1909 l’armorial des communes du Nord, il affecte pour chaque commune un blason. On retrouve pour Uxem :
Leuridan le représente ainsi dans un écu de forme tiers-point caractéristique de la fin du XIII ième siècle début XIV ième. Il précise qu’il s’agit des armoiries de l’abbaye de Bergues St Winnoc, décimateur d’Uxem.
Ainsi nous sommes en présence d’un blason « collé » qui trouve toutefois une justification historique et est devenu depuis, la référence.
Historiquement, le blason ne bouge pas jusqu’en octobre 1949 où on lui ajoute la croix de guerre en souvenir des combats, pertes civiles et destruction du village de mai/juin 1940. Voici alors le blason : il est représenté avec un écu de forme fin XVIII ième et XIX ième
Le blason reste « stable » jusqu’en octobre 1985, où il se transforme de la façon suivante. Une invitation à l’inauguration de la nouvelle mairie en donne la nouvelle description.
« Parti de gueules à trois demi-léopards d’or mouvant de la partition et échiqueté d’azur et d’argent au franc-canton d’argent semé de mouchetures d’hermine de sable. »
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Ornements extérieurs :
L’écu est timbré de la couronne murale à trois tours d’or, ouverte et maçonnée de sable. Il est supporté à dextre par un lion contourné de sable armé et lampassé de gueules, et à senestre par un léopard d’or ; tous deux reposant sur un listel d’argent aux retroussis d’azur, chargé de l’ancien nom de la commune : Ukesham en lettres capitales de sable . En pointe de l’écu est appendue la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze. Sous le ruban de celle-ci jaillissent à dextre et à senestre trois épis de blé d’or.
Le blason « parti » de trois demi léopards évoque ceux figurant dans les armes de l’abbaye de St Winnoc Bergues, avec l’échiqueté et le franc-canton. Les trois léopards sont devenus trois demi léopards. C’est dommage. En effet, Saint Winnoc était de famille noble et les trois léopards seraient les armoiries de sa famille dont on retrouve d’ailleurs encore une autre trace dans les trois léopards de la couronne d’angleterre. La représentation ainsi transformée rend impossible le rapprochement et le recoupement historique. Rappelons que ce ne sont pas les moines de l’abbaye St Winnoc qui ont fondé Uxem (Cliquez ici pour voir l’histoire d’Uxem) sinon notre village se serait alors vraisemblablement appelé St Amand-Cappelle, St Amand-Broucke ou autre…
Si l’on observe le dessin, il est difficile de reconnaître le lion du léopard sauf à savoir que dans le bestiaire héraldique du XX ième siècle, le lion a sa tête de profil, le léopard sa tête de face, les deux animaux étant représentés sous les mêmes traits. De plus, si l’on peut comprendre la présence du lion des Flandres, aucune justification historique ne peut être apportée pour le léopard.
L’ajout d’épis de blé est le seul rajout officiel et "officialisé" (délibération du 9 octobre 1985).
La croix de guerre est également un ornement officiel du blason rajouté depuis fin 1949. Quant au nom, il aurait peut-être été préférable de mettre Uxem qui apparaît dés 1254 et est encore actuel. Mais le choix est resté sur le premier nom d'Uxem: Ukesham.
Enfin, vient le quatrième blason « en couleur » qui se retrouva au tribunal. L’ornementation n’a pas bougé. L’écu a retrouvé sa forme et son contenu officiels de 1909. Ukesham est remplacé par Ukeshem. Mais une « coquille » d’imprimeur l’a transformé en Ukesehm…
Ce changement s’est fait à l’occasion du changement du papier à en-tête de la mairie. Madame Thérèse Schrevel, maire, souhaitant que le blason apparaisse en couleur comme il est d’usage à ce moment, demande à un imprimeur de réaliser ce travail, lequel imprimeur, homme sérieux, se fait communiquer les éléments, les couleurs, consulte en archives et propose une maquette avant tirage qui recueillera un avis favorable.
A la mise en circulation du papier à tête couleur, M. Ryckelynck et Mme Wallyn, conseillers municipaux, considérant que ce blason ne correspondait plus à celui que la municipalité précédente avait fait imprimer dans les années 1984/85, portèrent l’affaire devant le tribunal administratif. Un dossier de 27 fut constitué…
Aujourd’hui, le blason de la commune s’affiche en noir et blanc avec l’apparence du blason de 1985.
Les plus anciennes traces d’UXEM remontent au IVème siècle. A cette époque, le littoral est régulièrement envahi par les eaux et cette invasion connaît son maximum à la fin du IVème siècle : c’est la « deuxième transgression dunkerquienne ». Les marais deviennent lacs, la mer pénètre loin dans les terres mais des émergences subsistent. Lors de cette inondation, qui dura approximativement du IV au VIIIème siècle, les secteurs hauts situés sur le banc pléistocène restent découverts et occupés bien avant la fin de la transgression, c’est le cas pour le site d'UXEM et Téteghem. Depuis le début de ce IVème siècle, la puissance des romains s'affaiblit et ceux-ci quittent les lieux qui sont alors occupés progressivement par une population saxo frissonne. Celle-ci s'installe sur les points hauts émergés. Au VIIème siècle, le pays fait partie du royaume de Neustrie sous l’autorité de Dagobert Roi des Francs. Les maîtres sont les propriétaires de terres, chefs de clan possédant un groupe armé. C’est vers cette époque que se repeuple la côte avec entre autre l’arrivée sur le site d’UXEM d’un clan germanique (saxo frisonne ou francque ?) dont le chef s’appelle ou aurait pu s’appeler UDON, ODON ; le site est une propriété particulière d’un seigneur laïc. C’est probablement à cette époque qu’UXEM va avoir son nom :
Ukesham = Ukes + Hem
- Ukes : Hugues, Hugo, ou UDON, ODON, Eudes ;
- Hem : demeure, maison forte (Ce terme implique aussi une notion de hauteur).
En 981, Uxem s’appelle donc Ukesham, « maison forte de Udon ». Le A s’est imposé à la place du E. En effet en langue flamande « West Vlamsch », le E écrit donne en syllabe fermée la prononciation proche du A anglais de « cat ». De plus, les linguistes et toponymistes mettent en évidence les invasions saxo frisonnes et francques. La terminaison HEM franque est opposée à la terminaison HAM saxo frisonne. On citera les villages voisins Téteghem et Warhem.
On constate également que la toponymie d’Uxem est liée en grande partie à la grande inondation. Voici un extrait de « L’histoire de Dunkerque », 1927, par L.Lemaire :
..."Les habitants qui avaient été forcés de se réfugier sur les hauteurs occupèrent les villages anciens qui bordaient la nouvelle ligne du rivage : tous les villages dont le nom se termine par ham, hem ou zeele ... auxquels peuvent être opposés les villages neufs, postérieurs à l'évangélisation (localités en -kerque, -capelle ou Saint-) qui se créèrent à partir du IX et X siècle ( à l'exception de deux villages en -hem: Téteghem et Uxem qui restèrent vraisemblablement toujours hors des flots et qui purent ainsi être habités bien avant le reste de la plaine)"...
Ensuite, jusqu’ XX ème siècle, on retrouve peu de choses sur Uxem. Les principales informations concernent les monuments : le Moulin du Rhin, l’Eglise, etc. On retrouve également des traces sur les changements de noms successifs d’Uxem :
Ukesham 981
Oxhem 1067
Uggeshem 1075
Usem 1093
Oxham 1121
Uxem 1254
Uxhem 1330
Uxcem 1531
Uxem 1559
Le village d’Uxem figure pour la première fois dans les textes dans un titre de l'abbaye de Gand dès 981 sous le nom d' Ukesham, alors que les autres localités n'apparaissent dans les textes qu'à partir de 1067.
L’existence d’un seigneur sur les terres d’Uxem est confirmée en 1232 quand Eustache d’Uxem, chevalier, accorde à l’abbaye St Winnoc de Bergues un libre passage sur sa terre (sceau non connu). Ce document précise également l’existence d’une « maison forte » à relier avec la citation de mottes féodales sur toute la région y compris Téteghem (citations XIX ème siècle).
Il convient de rappeler par ailleurs que ce ne sont pas les moines de l’abbaye St Winnoc qui ont fondé Uxem. En effet, certains textes font référence à la fondation d’Uxem par ces moines ce qui n’est pas cohérent avec le nom de notre village. Le blason du village confirme d’ailleurs cela.
En fait, les moines, jusqu’à la révolution française, ne cessèrent d’étendre leurs domaines au point de laisser penser qu’Uxem, son village et sa terre appartenaient à l’abbaye. D’où une confusion historique sur les origines du village. Il est cependant vrai que Uxem a fait parti de la châtellenie de Bergues.
Au XIVe siècle, la Flandre est le théâtre de batailles sanglantes. Les Flamands se battent pour la défense de leurs institutions. C’est le peuple libre où chaque commune arme sa milice ou ses « communiers ». La bataille de COURTRAI en 1302 commence une série de luttes entre despotisme et liberté. Philippe le Bel tient prisonnier à PARIS, Guy Comte de Flandre. Les Flamands se révoltent et chassent de Bruges leur gouverneur imposé Jacques de Châtillon.
Pour étouffer la rébellion, Philippe le Bel envoie un corps expéditionnaire de 40.000 hommes commandé par Robert d’Artois qui fut battu en 1302 par les communiers flamands. Une nouvelle armée fut levée, 80.000 hommes menés par Philippe le Bel lui-même. Cette fois, les communiers sont battus à MONS-EN-PEVELE. Mais les flamands reviennent avec 60.000 hommes menacer Philippe le Bel qui assiége LILLE et sa surprise est grande quand les hérauts d’arme lui proposent le combat ou une paix honorable. La paix ou plutôt une convention est signée : le Comte Guy reprenait la tête de ses états, les flamands gardaient leurs droits et privilèges mais payaient au Roi de France une indemnité de guerre de 800.000 livres.
En 1305, Philippe le Bel revenait sur cette convention et proposait un traité dabs lequel était demandé la démolition des forteresses de Flandre, prétention inacceptable.
Dans les années qui suivirent, une suite d’intrigues fut menée par Philippe pour récupérer LILLE, DOUAI, et BETHUNE. S’en suit une série de querelles qui s’atténueront en 1320 au mariage de Marguerite, fille de Philippe le Long avec l’héritier du comte de Flandre ; par contrat, les villes précitées sont données définitivement à la couronne de France.
Cette situation fut supportée jusqu’à la mort de Charles le Bel, 3ème et dernier fils de Philippe le Bel. La mort de ce roi amène un problème grave de succession et des divisions. Profitant du trouble, les communiers se révoltent à nouveau.
Philippe IV de Valois, le roi trouvé, souhaitant commencer son règne par quelque exploit, « force » son conseil plutôt partagé sur l’opportunité d’une guerre.
Vers la fin de juillet 1328, l’armée du roi est sous les murs d’ARRAS, elle se dirige ensuite cers SAINT OMER et le roi retrouve sa cavalerie à ARQUES. L’armée est divisée en onze corps de bataille totalisant 50.000 hommes.
L’armée flamande ne sachant de quel côté le roi attaquerait avait divisé ses forces : un contingent se trouvait près de COURTRAI, un autre près de LILLE, et un troisième composé des communiers des régions de FURNES, DIXMUIDE, BERGUES, CASSEL et POPERINGHE était à CASSEL. Ce dernier contingent composé de 16.000 hommes allait supporter seul la bataille.
Le roi s’avança vers Cassel et vint camper sur les bords de la rivière Peene. Les communiers sortirent des murs et s’établirent sur le mont, commandés par Colin Zannequin, homme du peuple.
Le roi envoya deux corps d’armée ravager BERGUES et les environs ? Sachant que la lutte serait inégale, mis au courant par des espions que le campement du roi était mal gardé, que les nuits dans les camps du bas étaient agitées, la journée chaude et la sieste profonde, Zannequin eut l’idée de tenter un coup de main hardi afin de faire prisonnier le roi. C fut décidé pour le 23 août au début de l’après midi. Les milices furent divisées en trois. Un premier groupe mené par Zannequin devait s’emparer du roi, deux autres groupes devaient attaquer les positions les plus proches du camp royal.
Le plan se déroula parfaitement et le premier groupe était déjà dans le camp royal quant il rencontra un détachement français qui revenait d’avoir fourrager. L’alerte était à peine donnée que déjà les deux autres groupes attaquaient leurs objectifs. Le roi, réveillé par son confesseur, réussit à s’enfuir avec une partie des ses gardes et l’oriflamme. La confusion était totale. La route de ST OMER était couverte de fuyards et la victoire flamande imminente quand le roi apparut sur une hauteur avec l’oriflamme déployée. Cette action regroupa l’armée royale supérieure en nombre et renversa l’issue de la bataille. Les communiers de défendirent courageusement.
Le nombre des morts en cet après-midi varie considérablement d’un manuscrit à l’autre. Du côté flamand, un inventaire fut dressé paroisse par paroisse afin de confisquer les biens des participants tués à la bataille. 3192 noms figurent.
21 hommes d’UXEM étaient tombés en quelques heures, 22 de Leffrinckoucke, 45 de Teteghem, 78 de Ghyvelde, etc… Toute la région fut touchée.
Cette liste est la plus vieille qu’il est possible de trouver pour UXEM. Une autre date du XVe siècle.
LA GUERRE 1939-1945
L’histoire d’Uxem est marquée ensuite par les deux grandes guerres. Celle de 39-45 fut celle qui marqua le plus notre village. En effet, le village subit de lourdes pertes matérielles dues aux bombardements et aux minages des terres. De plus toute la région fut inondée en 44.
La bataille la plus importante menée sur notre commune se déroula en 40, à l’invasion des allemands. Voici les événements de la fin mai 40, début juin 40 qui marquèrent les esprits avec la fameuse « opération dynamo ».
L'offensive allemande est arrêtée à Notre Dame des Neiges par l'intervention de la Luftwaffe fin mai 40. Les soldats français résistèrent toute la journée stoppant l'avance des allemands (il n'y eut que 65 survivants sur les 550 engagés de cette contre-attaque...).
Cette dernière bataille est marquée par des combats violents au Caesterhof sur la route du Krommenhouck et au Petit Casino où des batteries de canons étaient installées.
Dans le secteur Est, les combats sont acharnés, mais la 12 ème D.I.M. repousse les assauts des Allemands. Le secteur centre est le plus menacé. L'infiltration de la veille menace directement le dispositif de défense des S.F.F.. La moindre défaillance ouvrira la route du port et des places d'embarquement. Une contre-attaque française est lancée pour rétablir la situation : l’opération dynamo est lancée.
LES COMBATS DES 1er, 2 ET 3 juin 1940 à UXEM
Face à eux se trouve le meilleur de l'Armée du Nord : la 12 ème division d'Infanterie motorisée, la 68 ème Division d'Infanterie et le secteur fortifié des Flandres avec comme consigne " tenir sans recul ". Il reste un espoir d'embarquement pour les trois grandes unités françaises. Le 1er juin après-midi, le 10 ème corps d'armée allemande arrive à franchir le canal de la Basse Colme et conquiert une petite tête de pont en direction de Téteghem et d'Uxem. Le 2, au matin, les allemands reprennent leur offensive après une forte préparation d'artillerie.
La poche du Petit Casino tomba dans la nuit du 3 au 4 juin. Il y eut de gros dégâts comme le montre les photos de la Place d'Uxem et de l'Eglise. De nombreuses habitations furent détruites, comme le château de la famille Grisé situé de l'autre côté du pont à crapauds. Il y eut aussi des victimes civiles. Le reste des forces résista encore un peu le long du canal de Dunkerque à Furnes. Le 4 juin, les Allemands s'emparent de Dunkerque et font plus de 40.000 prisonniers.
LE MUR DE L'ATLANTIQUE ET LA BATTERIE D'UXEM
Partant du fait que les Alliés auront besoin d'au moins un grand port pour débarquer du matériel lourd, ils décident de fortifier en priorité tous les grands ports du littoral.
Dunkerque fait partie des forteresses devant être conservées à tout prix. Les Allemands organisent donc la défense de son port en construisant des bunkers et des batteries sur le front de mer. Ils disposent de canons à moyenne et longue portée pour tirer contre des bateaux en mer. D'autres batteries doivent lutter contre un ennemi déjà débarqué à terre. Ce sera le rôle de la batterie située au Nord d'Uxem à la sortie du village. Elle est prévue pour accueillir 4 obusiers FH18/40 de 105mm d'une portée de 10,6 kilomètres et 60 hommes réparties dans 3 bunkers (R622).
De mars 1942 à début 1944, cette batterie sera successivement occupée par la 3ème batterie du 304ème régiment d'artillerie (5/Artillerieregiment 301) puis par la 1ère batterie du 282ème régiment d'artillerie (1./Heers Kusten Artillerie Abteilung 282).
Ce bâti militaire remarquablement préservé, aujourd'hui situé sur une propriété privée, a poussé en 2016 un Uxémois à entamer la reproduction de l’ensemble à l'échelle 1/35ème.
BILAN DE LA GUERRE
Les villages sont dévastés : 120.000 mines terrestres avaient été posées sur 24 communes, près de 25.000 ha de terres recouvertes d'eau saumâtre, plus de traces des écluses, les berges des canaux détruites... Dunkerque n'était plus qu'une lagune maritime envasée soumise au jeu des marées.
En janvier 1946, la cuvette des Moëres fut totalement asséchée. Pour les travaux de restauration des sols, on s'inspira de la méthode utilisée par les hollandais : dans les polders, on épandit du gypse (sulfate de chaux). Un an après, les rendements des terres furent quasi normaux. Il a fallu 20 ans aux Wateringues pour remettre 1 000 km de canaux et de watergangs en état. La priorité était le relogement.
23 novembre 1949
Paris le 11 novembre 1948.
LE PÈLERINAGE DE LA SAINTE-EUPHRASIE
Situé au Sud Est de l'église se trouve une petite chapelle transformée en porche. Jusqu'en 1823, le 26 juillet avait lieu au pied de cette chapelle le Pèlerinage de la Sainte-Euphrasie. Là où se trouvait une fontaine réputées pour ses vertus guérisseuse.
Cette source est mentionnée pour la première fois en 1382. L'eau de la source était réputée guérir les plaies ouvertes et suppurantes.
Ce ne sont pas les dernières guerres qui ont eu raisons du Pèlerinage et de la source mais les querelles de clocher.
Vers 1810, de multiples disputes entre Dominicains, Franciscains et Bénédictins, à des degrés divers, n’étant pas d’accord sur la manière de gérer le Pèlerinage et la source fit que tout disparu en 1823.
Aujourd'hui encore, une source située à une profondeur de 80 centimètres coule sous ce porche dans la direction Nord Ouest.
Jusqu'en 1940, avec ses quelques 350 habitants, Uxem avait une vie riche d'activités, comme dans tous les villages de France.
Il y avait alors 18 cafés appelés estaminets dont voici la liste et les activités annexes:
En face de l'usine des Dunes(Ascométal):
- Le Firminy, c'était aussi un marchand de vélo.
En venant de Leffrinckoucke vers Uxem:
- Le Bon Pâtre
- Le Saint-Joseph, il se situait à l'emplacement de l'auto-école(qui n'est plus là non plus!)
- Le Bienvenu (qui devint la COOP), c'était aussi un coiffeur, un épicier (il fabriquait de la moutarde ) et le sonneur.
- A la Belle Vue de l'Eglise, c'était aussi un charbonnier et une boulangerie
- Le Petit Café, c'était aussi un menuisier et un charron
Vers Téteghem:
- Le Progrès
- Le Petit Café
- Le Saint-Eloi, c'était aussiune forge, une quincaillerie et une épicerie
En revenant vers la place:
- Au Repos des Moisonneurs, c'était un maçon
- Le café Marelle , c'était la boulangerie aussi et une épicerie
Vers le chemin rural:
- Au Repos des Chasseurs, c'était aussi une boucherie
- Au lion Noir , c'était également un garage
- Au Bon Accueil
- Au Grand Cerf , c'était aussi une boucherie-charcuterie avec un abbatoir, une épicerie, on y dansait chaque fin de semaine dans sa grande salle.
Vers Ghyvelde:
- A la Nouvelle Forge, c'était un forgeron, un charron, il vendait aussi des outils pour les agriculteurs (fourches, semoirs, tamis...)
- Le Petit Casino (face au château d'eau)
Au Krommenhouck:
- Au Bon Accueil
On trouvait aussi dans le village une mercerie, une seconde forge, une droguerie et deux bourreliers. Il y avait une repasseuse, une couturière, une brodeuse (la fille de la mercière), une dame assurait la soupe chez elle le midi pour les enfants de l'école.
Actuellement, il ne reste plus qu'un café-tabac avec un dépot de pain, une épicerie (Mme Dewitte) qui faisait aussi office de marchand de combustibles, un café restaurant " A l'amuse gueule" route de Furnes, un café au Krommenhouck. Le brasseur du village a arrété son activité il y a quelques années.
QUAND LES PÊCHEURS ALLAIENT EN ENFER
Le 5 juin 1737, le navire " Les deux frères ", sort du port de Dunkerque pour partir pêcher la morue sur les côtes d'Islande. Son capitaine, Jean Errchon est le premier marin "islandais" dont nous connaissons le nom. Il n'est certainement pas le premier à partir depuis notre cité pour les mers boréales, mais si nous ignorons le nom de ses prédécesseurs, nous savons par contre, que l'ultime bateau à quitter Dunkerque pour la même destination, est le "Cassellois", en 1931.
Il s'est donc écoulé plus de 200 ans pendant lesquels la ville de Dunkerque n'a cessé, sauf pendant les guerres, d'expédier, chaque année, des dizaines de flottes traquer la morue sur les côtes de "l'île de glace", comme la nomme Jules Verne.
Il est difficile, sinon hasardeux, d'avancer des chiffres exacts, mais dans l'état actuel des recherches, le nombre de 9000 navires et de 130 000 hommes partis de Dunkerque pour Islande est une hypothèse basse.
A l'apogée de cette activité à Dunkerque, dans la décennie 1860 -1870, plus de 1300 navires emmènent plus de 22 000 pêcheurs à Islande. Pour la seule année de 1862, plus de 2200 hommes composent les équipages de 134 bateaux.
Quelle famille de la région dunkerquoise ne conserve donc telle dans sa mémoire collective le souvenir d'un ou plusieurs aïeux " islandais " ? Et avec quelle fierté ne les évoque-t-elle pas ?
Et pourtant ! Que connaissons nous exactement de ce qui fut si longtemps la principale industrie de la ville. Nous savons tous que c'était un métier très dur, beaucoup disent même d'enfer mais ces qualificatifs ne nous donnent aucune indication sur les hommes, sur les techniques de pêche, sur les bateaux, sur les dangers..., elle réduit cette extraordinaire épopée locale à une imagerie souvent misérabiliste dont la seule réminiscence populaire serait le carnaval.
LES ARMATEURS
Le métier d'armateur à Islande est une activité professionnelle complexe qui nécessite expérience et capitaux. Il faut non seulement armer des navires spécifiques, mais, au retour de la pêche, traiter le poisson, le repaquer, le vendre et éventuellement le stocker en attendant que les cours soient favorables. La mise de fonds est conséquente, le retour sur investissement souvent long et aléatoire. A Dunkerque, les armements sont appelés " Maison de Commerce ".
Les maisons les plus importantes, au cours du XIXème, furent Vancauwenberghe, Bonvarlet, Govard, Beek, Durin, Bellais. Elles armeront de trois à dix bateaux par année, ce qui implique des "entreprises" pouvant atteindre deux cents personnes.
LES BATEAUX D'ISLANDE
Pour la pêche à Islande, sur une même année, il y avait les grands et les petits navires, mais tous étaient de petits bateaux pour affronter des mers aussi terribles.
Sur deux siècles d'histoire, ces types de navires ont évolué mais cette évolution fut incroyablement lente et restreinte. Entre les grands dogres de 1763 et les goélettes de la fin du XIXème, la différence est sensible, mais pas au point de constater que les conditions de travail à Islande aient été radicalement changées pour les pêcheurs.
La goélette, bateau emblématique de la pêche à Islande, ne fait son apparition que dans les années 1830-1840, elle devient rapidement le type majoritaire. Sans avoir été "inventée" à Dunkerque, la goélette islandaise fut progressivement façonnée par les Dunkerquois pour atteindre sa maturité dans les années 1860. Les Paimpolais qui ont commencé la pêche à Islande en 1853, ont tout de suite adopté ce type de navire, profitant ainsi de l'expérience séculaire des constructeurs dunkerquois.
Parce qu'il est le dernier type de bateau à avoir pratiqué la pêche, le dundee reste dans notre mémoire collective mais en fait, il y en eut peu. Les dogres, lougres et corvettes sont beaucoup plus représentatifs.
Pour mieux situer la taille réelle de ces navires, il faut rappeler que l'Etoile et la Belle Poule, naviguant aujourd'hui sous les couleurs nationales, font 35,5 m de long sur 7,4 m de large. Les plus grandes des goélettes islandaises n'ont jamais atteint cette taille.
La très grande majorité des navires étaient construits à Dunkerque, dans les chantiers de l'arrière port, souvent par des familles de constructeurs apparentées aux armateurs, sinon par les armateurs eux-mêmes, comme les familles Vancauwenberghe, Govard, Derycke, Cornemuse ou encore Malo.
LES CAPITAINES D'ISLANDE
L'histoire des capitaines d'Islande est particulièrement méconnue. Ces hommes endossèrent une responsabilité hors du commun et eurent un rôle particulièrement ingrat. Ils ne devaient pas être faciles à recruter car, le Duc de Penthièvre, dans le même règlement de 1770, ordonne " que les armateurs ne choisissent pour capitaines et maîtres de dogres et corvettes que des capitaines sages et expérimentés dans la conduite des navires et des équipages ".
A Islande, si le capitaine commande, son autorité n'est pas absolue. Ses décisions peuvent être soumises à l'approbation de certains membres de l'équipage. Leur consultation est même indispensable lorsque le bateau doit abandonner sa pêche. Ce partage des responsabilités a probablement ses racines dans le fait qu'à l'origine, le commandement des navires était confié à des maîtres de pêche dont l'expérience primait sur les connaissances théoriques. Ne pas être trop illettré et savoir déterminer sa position sur la carte suffisaient. En 1851, le législateur veut réserver le commandement des bateaux pêcheurs aux seuls capitaines au long cours et caboteurs. C'est une véritable levée de boucliers des armateurs dunkerquois qui arguent que "les travaux de pêche réclament une expérience qui ne peut être acquise qu'en fréquentant les côtes d'Islande depuis l'enfance... Le débat au Parlement fut vif et aboutit à une nouvelle loi : " Tout marin qui aura fait cinq voyages dont les deux derniers, en qualité d'officier, à la pêche de la morue d'Islande, sera admissible au commandement d'un navire expédié à cette pêche, s'il justifie de connaissances suffisantes pour la sécurité de la navigation ".
Dans les années 1860, le capitaine Masson est traduit devant le tribunal par son armateur qui estime les résultats de la campagne insuffisants. Reconnu coupable de graves négligences, il est condamné à 45 jours de prison.
Un ou plusieurs navires de la marine royale accompagnaient les pêcheurs à Islande et portaient le nom de " Station Islande ".
Il y eut de véritables dynasties de familles de capitaines qui, souvent, ont navigué avec les mêmes armateurs. C'est par exemple le cas des familles Vanhille et Popieul de Bray-Dunes qui, dans la deuxième partie des années 1880, commandaient pratiquement tous les navires de l'armement Vancauwenherghe - Lemaire.
FORMATION DES EQUIPAGES
Selon la taille du navire, le nombre d'hommes d'équipage variait de 8 à 12 marins sur les plus petits comme les corvettes ou les lougres, et de 16 à 18 sur les plus grands comme les dogres, les galéasses ou les goélettes. A partir de 1900, les grandes goélettes ont parfois emmené jusqu'à 20 hommes, mais ce fut assez rare.
Depuis très longtemps, des règlements royaux ou locaux, ont codifié le nombre d'hommes à bord. Ainsi, en 1770, le Duc de Penthièvre, Amiral de France, établit un règlement selon lequel, à l'article 2 " les équipages des dogres seront limités. Ceux de 60 tonneaux et en dessous de 100 tonneaux : de 12 à 14, ceux du port, de 100 tonneaux et au-dessus : de 14 à 15 et les corvettes de 10 à 12 ".
Les armateurs, c'est à dire les employeurs, ont toujours redouté le manque de marins disponibles ; c'est la raison pour laquelle, à l'exception de ceux que l'on redoutait pour leur extrême violence, ou pour leur incurable fainéantise, tous les candidats au départ trouvaient un embarquement.
Heureuse époque où Dunkerque enregistrait, année après année, le plein emploi de sa population maritime. L'organisation des équipages est restée immuable au fil des temps. Un capitaine, souvent appelé maître, secondé par une maistrance désignée comme " les principaux de l'équipage " : le second, le lieutenant (qui tient un rôle de chef de quart), le tonnelier et le saleur. Viennent ensuite les matelots pêcheurs, les novices et les mousses.
Les matelots doivent avoir au moins dix-sept ans, les novices quinze. Les mousses ont une dizaine d'années, parfois moins, jusqu'à neuf ans à certaines époques, mais ce fut heureusement assez rare.
La répartition géographique des marins " islandais " est totalement concentrée autour de Dunkerque. C'est toute une région qui participe à la grande pêche, depuis Grand-Fort-Philippe jusqu'à Bray-Dunes, aucun village côtier n'est exclu avec, toutefois, des concentrations à Gravelines, Fort Mardyck, Dunkerque, Zuydcoote et Bray-Dunes.
Lorsqu'il y eut pénurie d'équipage, les armateurs ont obtenu de l'Etat l'autorisation de faire appel à la main d'œuvre étrangère, c'est ainsi que de nombreux villages belges partagent avec nous une forte tradition islandaise. Les marins d'Oostduinkerque, La Panne ou encore Coxyde, embarquaient régulièrement sur les navires dunkerquois où l'on parlait le flamand. Certaines années, leur nombre atteignit jusqu'à 10 % de l'ensemble des hommes embarqués.
Cette forte concentration géographique a pour conséquence évidente que l'on navigue à Islande en famille, pères, frères, fils, cousins ou neveux sont souvent embarqués sur les mêmes navires ou participent aux mêmes campagnes, au mépris de la sécurité qui voudrait qu'on répartisse les risques, les bateaux regorgent de véritables tribus familiales. Lorsqu'une catastrophe survient, elle endeuille des villages entiers et déciment presque totalement certaines familles. En 1888, les tempêtes d'avril tuent huit membres de la famille Marteel de Zuydcoote et Bray-Dunes, parmi lesquels trois enfants de 11, 13 et 16 ans. La même année, la Lulu Zaza sombre corps et biens avec à son bord Egismond, Armand et François Patte, respectivement capitaine, second et matelot... tous trois sont frères.
Il semble difficile de reprocher à ces hommes qui partaient chaque année pour près de six mois, de ne pas avoir tenté de reconstituer une cellule sinon familiale, moins de proximité. La solitude devait peser suffisamment pour que l'on puisse souhaiter à adoucir en navigant " en pays de connaissance ".
Sources : Association 'Fifres et Tambours' Dunkerque
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